C’est une fin de matinée comme les autres, à Moka’s Pot.

Le rush est passé depuis plus d’une heure et ce n’est pas que Cyan en est épuisé, mais l’établissement a gagné énormément de popularité ces derniers jours, à la plus grande joie de sa patronne, et devoir socialiser avec autant de monde en l’espace de quelques heures tiraille son introverti intérieur ; il est habitué depuis le temps, mais le fait est que la plupart de ses clients sont des humains et les humains ont toujours été compliquer à cerner pour cyan. Leurs cerveaux, petits pour certains il l’avoue, sont parsemés de délicatesses et de préférences qui rendent la tâche parfois difficile pour la pauvre androïde. Tellement de sensibilité à prendre en compte, tellement de caractères différents du sien.  Quoi qu’il en soit, il est extrêmement satisfait de sa performance, et il considère ce petit moment de paix comme une récompense bien mérité. Les seuls clientes dans le café sont une dame âgé et un AX400, toutes deux habituées du Moka’s Pot et occupées à siroter leur boisson tout en discutant de la pluie et du beau temps, alors après s’être assuré que les deux n’avaient besoin de rien, Cyan en profite et s’affaire à faire la vaisselle.
Aussi bizarre que cela puisse être, c’est quelque chose qu’il apprécie particulièrement faire ; cela lui permet de reposer ses processeurs et c’est une activité qui est, à son goût, très calmante. Elle lui permet également de faire le point sur ce qu’il a à faire plus tard, et il est toujours bon de prendre le temps de planifier de temps à autre.

Environ quinze minutes plus tard, il entend la cloche du magasin sonner, indiquant l’arrivée d’un nouveau client ; comme toujours, il ne peut pas s’empêcher de faire une moue d’agacement lorsque le bruit strident atteint ses oreilles. Il a prié plusieurs fois sa patronne de changer la cloche, la jugeant trop ancienne et presque énervante, mais rien à faire. Elle est plus têtue qu’une mule. Cyan se contente de la supporter. Il lève la tête avec un sourire, toujours ravi d’accueillir un nouveau client. « Bonjour ! Bienvenue à... » Sa gorge se bloque et son sourire se crispe. Il connaît ce visage, ne pourrait jamais l’oublier même. La proie perd rarement la mémoire lorsqu’il s’agit du prédateur.

Le RK800 a toujours été très populaire chez les déviants. Tous se souviennent de lui comme le chasseur ayant pour cible sa propre espèce. Son existence était tout autant détestée que terrifiante et malgré les années qui ont coulé depuis, tous se souviennent du visage de ‘Connor’.

Cyan ne sait pas réagir. Il a presque envie de le virer de l’établissement mais il doute que sa patronne apprécie. Un silence tendu pèse sur le café, au point où les deux habituées assises sur une des tables ont stoppé leur conversation pour observer ce qu’il se passe. Un raclement de gorge plus tard et Cyan reprend. « Bienvenue à Moka’s Pot, en quoi puis-je vous aider ? » Son ton manque la tonalité joviale qu’il emprunte habituellement, et cela s’entend. Son visage est toujours aussi crispé et sans s’en apercevoir, il a prit une position défensive derrière son comptoir.  Il aperçoit l’AX400 hausser les sourcils et Cyan trouve ça un peu injuste de sa part. Si elle savait qui venait de rentrer dans la pièce, elle ne le jugerait pas aussi promptement.

MADE BY @ICE AND FIRE.

Unrequited hatred.

Journée fraîche.

Les rues demeurent grouillantes, pleines de vies. Humains et androïdes vacants ça et là à leurs occupations. Malgré tout, la ville conserve des séquelles, notamment de la révolution d'il y a quelques années ; mémoriaux ou plaques le rappelant à certains endroit. Toi, t'as pas connu ça ou alors, peut-être que si ? T'es pas sûr. Fronçant les sourcils, t'secoue la tête, t'éloignant ainsi de la place et toutes ses questions qui s'bousculent dans un coin de ton crâne.

T'sais pas qui tu es, Clyde, encore moins avant ton activation. T'as des flashs, parfois, mais rien de concret. C'est frustrant à force. Autant dire que tu es un simple spectateur d'un passé qui t'glisses entre les doigts. Zéro contrôle sur celui-ci, cette vie. Paupières qu'tu fermes une poignée de seconde, un soupire passe tes lippes. T'faut te changer les idées, vraiment. Pognes dans les poches, t'avances, phalanges glacées retrouvent un billet froissé. Réaction de l'esprit, café. C'est tout naturellement qu'tu prends la direction du Moka's Pot. Les embruns de caféine chatouille tes narines, c'est.. réconfortant et encore une fois, t'ignores pourquoi.

Porte franchie, tocsin annonce ta présence. Peu de monde au comptoir, parfait. Léger sourire aux lèvres, tu t'rends auprès du barista. L'accueil élargie le sourire parcourant ton faciès, du moins, jusqu'à son changement de comportement. Vague haussement d'sourcils devant sa réaction, la dureté de son faciès. Non décidemment, tu comprends pas. Perdant risette, tu t'racles la gorge, prenant la parole d'une voix tout de même douce.  

❝ Hm.. Bonjour. Un café au thirium, s'il vous plaît. ❞

Commande passé, t'glisses une main dans la poche de ton jeans, récupérant le billet de 5 dollars qui logeait là. Lui aussi, t'sais pas d'où il vient. Aussi loin qu'tu t'en souviennes, tu n'as pas souvenir d'un quelconque emploi ou d'argent de poche..? Plissant le regard, tu passes une main dans les mèches chocolat d'ta chevelure, mâchoires se contractant un instant.

Boisson chaude prête, tu saisi en douceur le carton entre tes paumes, laissant la monnaie pour pourboire. Merci soufflé, t'détournes afin d'aller t'installer dans un coin de salle, au calme. Blazer usé que tu retires, la veste de costume sous celui-ci fait peine à voir. Tissu, usé, délavé, n'en demeure que ton modèle et matricule d'affiché, le 60 en bout d'course. Est-ce qu'il y en a eut d'autres avant toi ? Gobelet que tu portes à tes lèvres, première gorgée te fait étrangement du bien. Impression coton, souvenir agréable qui t'enveloppe, bien que flou. C'est frustrant.

Regard glissé en direction du barista, tu t'oses à un sourire, peut-être maladroit. T'as bien remarqué quelque chose clochait. Est-ce qu'il te connait..?